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Extrait du livre: Un homme parmi les loups 2

Voici un extrait du livre Un homme parmi les loups, paru aux éditions JC Lattes. Il s’agit du récit de Shaun Ellis évoquant son quotidien en plein cœur de la forêt.

Cela fait déjà un moment que Shaun Ellis vit au sein d’une meute de loups sauvages, et il doit chaque jour, à chaque minute, savoir se faire respecter pour survivre et s’intégrer à ses nouveaux compagnons. Plusieurs fois, Shaun est passé à deux doigts de la mort…

« J’avais toujours aimé chez les loups l’importance accordée à la famille, mais ce n’est qu’à travers ma vie avec cette meute que j’ai pleinement compris la structure sociale, les différents rangs et les rôles définis au sein du groupe.

Je savais que l’un d’eux se montrait plus agressif, qu’un autre était écouté de tous, et il y avait aussi le guetteur, mais tout cela était un peu rudimentaire. J’ignorais quelle valeur j’avais à leurs yeux, mais il me semblait que cette meute attendait de moi que j’agisse auprès des petits et que je les informe au sujet de notre monde.

Avant de partir à la chasse, ils se montraient particulièrement curieux quant à mon mode de déplacement. Ils se servaient de moi comme d’un jouet. Ils observaient à quelle vitesse je pouvais courir, me faisaient trébucher en me mordant les chevilles par-derrière pour voir ce qui se passait, comme s’ils essayaient d’évaluer mes forces et mes faiblesses. Étant donné la distance qu’ils étaient capables de parcourir et les durées pendant lesquelles ils disparaissaient, j’imaginais aisément qu’ils avaient pu s’approcher du périmètre de fermes, de ranches, et même de villes.

Les humains empiétaient sur leur monde à une telle allure que les loups se retrouvaient sans cesse en danger de contact, et on aurait dit qu’ils voulaient nous déchiffrer, savoir comment nous réagirions à une rencontre avec eux – en un mot, si nous représentions une menace.

Un jour, alors que les louveteaux devaient avoir neuf semaines, leur mère et le grand mâle étaient partis chasser. Ils étaient absents depuis un jour ou deux et on ne savait pas quand ils réapparaîtraient. Comme toujours, le jeune mâle et moi avions la garde du secteur du terrier et, contrairement à ses habitudes, la jeune femelle faisait la ronde sur la crête, en bon guetteur.

Je ne me sentais pas très bien. Le temps avait changé avec l’arrivée du printemps, et au soleil il faisait très chaud. J’étais fiévreux, presque chancelant, avec la tête qui tournait et une soif effroyable. Je pense que mon corps se révoltait contre ce que je lui avais fait ingurgiter depuis deux ans.

Heureusement, le cours d’eau se trouvait à six cents mètres à peine, et j’avais fini par creuser un sentier, à force de m’y rendre toutes les heures.

C’était la fin de l’après-midi et je ressentis de nouveau un besoin irrésistible de boire. Je me mis donc debout et m’engageai sur le chemin habituel pour descendre dans la vallée. C’est à cet instant que le jeune mâle bondit de l’autre côté du terrier pour m’aplatir violemment au sol.

C’était un grand loup, puissant, et j’eus l’impression de me faire plaquer par trois joueurs de rugby à la fois. Je restai allongé là, en état de choc, le souffle coupé et incapable du moindre mouvement. Cela ne lui ressemblait pas du tout, mais je vis immédiatement que ce n’était pas un jeu.

Il se tenait au-dessus de moi, à gronder, babines retroussées, les yeux étincelants et les oreilles en arrière, les poils du cou hérissés, la queue relevée et les crocs menaçants. Même en pleine forme, je n’aurais pas tenté de discuter avec lui. »

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